Biographie d’Etienne Sved

mercredi 7 janvier 2009

Photographe et affichiste (1914-1996)

Etienne SVED naît en 1914, à Székesfehérvár en Hongrie, sous le nom de Süsz István. Refusé à l’école des Beaux-Arts parce qu’il est juif, il intègre en 1930 l’Atelier, une école de graphisme que fondent à Budapest des professeurs du Bauhaus qui ont fui l’Allemagne Nazie. Cette formation lui permet de travailler comme concepteur publicitaire et de s’illustrer rapidement en remportant plusieurs concours d’affiches internationaux, parmi lesquels celui du congrès eucharistique de Budapest en 1936.


En 1938, alors que le nazisme s’installe en Europe de l’est, il quitte in extremis son pays pour l’Egypte où il travaille d’abord pour le grand quotidien Al Ahram, puis pour la société Orientale de publications. Au sein de ce groupe, qui publie divers titres en arabe, anglais, français ou grec, il fait paraître régulièrement des caricatures sur l’actualité politique. A la demande du directeur, il entreprend une satire illustrée du nazisme qu’il intitule Adolf.

Journaliste pour le Progrès égyptien, il publie de nombreux dessins satiriques avant de découvrir la photographie. Il parcourt le pays à dos d’âne, s’attarde aussi bien dans les musées et les sites funéraires que sur les rives du Nil, où il photographie ses contemporains. Il rapporte de ce long voyage une impressionnante collection de photos, d’une grande valeur historique, qu’il exploitera notamment dans un ouvrage paru en 1954, qui le révèle au grand public, L’Égypte face à face, avec un texte de Tristan Tzara.

Très vite, Etienne Sved s’immerge dans la civilisation égyptienne et choisit d’exprimer sa fascination à travers la photographie. Attiré par les monuments antiques - certains de ses clichés constituent aujourd’hui un précieux témoignage d’oeuvres qui ont été endommagées depuis-, il fixe aussi les scènes de la vie quotidienne qu’il observe au gré de ses déplacements dans le pays. Ce travail assidu aboutit à une importante collection d’images qui seront utilisées plus tard dans l’édition de trois ouvrages en France.

En 1946, la guerre finie, il quitte l’Egypte et décide de s’installer à Paris. Son expérience égyptienne lui permet de prendre la direction du bureau de dessin d’une agence de publicité. Il travaille alors avec Jean Vilar sur la création du premier festival de théâtre d’Avignon, puis collabore avec Cassandre au premier festival de musique d’Aix en Provence. C’est à cette même période qu’il se tourne vers le livre avec la publication de plusieurs ouvrages où figurent ses photographies : Art égyptien (1951 ), L’Egypte face à face avec un texte de Tristan Tzara (1954) puis, plus tard, Provence des campaniles (1969) qui recevra le prix Nadar. Séduit par un récit de voyage de Jean Cocteau, Maalesh (où figure un épisode égyptien), il décide de l’illustrer avec ses photographies, Jean Cocteau l’encourage à le publier.

Etienne SVED crée ensuite sa propre agence de publicité et travaille notamment pour l’industrie et les laboratoires pharmaceutiques. Fort du succès de Provence des campaniles, il fonde une maison d’édition à Saint-Michel l’Observatoire, en Haute-Provence. Il édite alors un certain nombre d’ouvrages destinés à mettre en valeur sa région d’adoption : Marseille face à face, Nice en pleine lumière (Prix des monographies des villes de France), Visage des Alpes-Maritimes...

Jusqu’à la fin des années 80, avant que la maladie ne le contraigne à l’inaction, il partage son temps entre différents travaux qui témoignent, une fois de plus, d’une démarche créative originale : illustration du roman de Jean Giono Le hussard sur le toit à la demande de l’auteur ; propositions de traitements de certains pyromanes à l’aide de techniques relevant des arts du feu (céramique, pyrotechnie, fer forgé, photographies de feux volontaires...) qui conduiront Haroun Tazieff et des psychiatres à lui apporter leur soutien ; poursuite de ses recherches sur le signe, la photographie lui ayant semblé un outil adapté pour confronter les correspondances géométriques, structurales et biologiques de l’univers. Il réalisera plusieurs expositions sur ce thème, en particulier à Nice, Digne et Manosque, avant de nous quitter en 1996. Étienne Sved arrive en France en 1946, se marie l’année suivante et est naturalisé français en 1949. Il prolonge sa démarche photographique tout en menant avec succès une carrière de graphiste publicitaire. En 1962, il crée sa maison d’édition et s’installe en Haute Provence (1972) et se fait remarquer par la publication de Provence des campaniles, qui reçoit le prix Nadar en 1990. Il poursuit son travail d’éditeur et de photographe jusqu’à son décès, en 1996.

JPEG - 95.4 ko
Campaniles